S'il est une fête singulière en Nouvelle-Calédonie, c'est bien celle de Farino!! En effet, la plus petite commune du pays organise, le deuxième dimanche du mois de septembre, sa célèbre fête du ver de bancoule. Quoi que c’est que vous allez me dire ? Et bien… commençons dans l’ordre… le bancoulier est un arbre introduit depuis belle lurette en Nouvelle-Calédonie et présent sur tout le territoire (et même sur les îles). Cet arbre donne un fruit, la noix de bancoule, qui, bien que comestible, est plutôt utilisée sous forme d’huile pour ses vertus médicinales. Mais venons-en à ce qui nous intéresse aujourd’hui… le ver de bancoule. Cette larve de coléoptère apprécie particulièrement les souches de bancouliers en décomposition. Mais ce qui fait sa réputation dans le pays, c’est que la plus célèbre des habitantes de Farino, en l’occurrence Mamie Fogliani, a eu l’idée d’organiser une fête spécialement dédié à la bête! Et oui, ce jour-là, tout tourne autour de lui! Et au programme, pour les plus musclés, un concours de fouillage à la hache pour les déloger, et pour les plus téméraires, un concours de bouffage pour être le plus rapide à en avaler dix ou vingt, selon la récolte du fouillage.
Nous voilà donc installés pour suivre le fouillage… ça tape dans tous les sens, certains mieux organisés que d’autres, mais les premiers vers ne tardent pas à rejoindre les paniers. Et là, tout le monde se dit « ah ouais, tout de même » en voyant la taille des bestioles! Les plus beaux spécimens ne font pas moins de 7 ou 8 centimètres!! Lenny ne résistera pas à aller tout retourner pour les ramasser. Le vainqueur parviendra à trouver un peu plus de 70 vers dans ses deux morceaux de tronc.
Vient ensuite le concours de bouffage… quatre volontaires s’étaient inscrits pour cette épreuve. Et c’est parti: dix vers dans l’assiette à avaler le plus vite possible!! Ils font ça avec une telle décontraction, sans faire de grimace (ou pratiquement!) que ça en donnerait presque envie!! D’ailleurs, une fois les quatre candidats passés, v’là ti pas que la mairesse lance un «un dernier volontaire pour se mesurer à nos courageux?»… et là, je ne sais pas trop si c’est un accès de courage ou de connerie, mais me voilà le bras en l’air, prêt à rejoindre le ring! Ça me faisait envie, ce petit défi culinaire! Bon, c’est vrai qu’on est loin des concours de beignets, de Mont Blanc, de Petits Lu et autres chamallows, mais… trop tentant pour résister! Malheureusement, ils n’avaient pas prévu ça… bah oui, d’habitude y’a pas un seul couillon qui se rajoute à la dernière minute, alors du coup, malgré les efforts du rodéoman le plus renommé de Calédonie, Tino Lecren, à fouiller le dernier tronc, pas moyen de trouver de quoi affronter les autres… je me contenterai donc de croquer un seul et malheureux ver, juste pour le plaisir! Petit conseil au passage, si un jour vous en croisez un et que vous décidez de vous lancer, il est conseillé de retirer juste le petit bout de la tête, pour ne pas se faire pincer la langue par ses mandibules!
Manger les vers crus est une chose, mais c’est surtout pour les savourer cuits que les gens viennent à Farino. Deux recettes sont proposées : soit au beurre et à l’ail, soit flambés au pastis.
Graz a préféré la version beurre/ail, alors que moi, au final, c’est le cru que j’ai le plus apprécié. Il avait un subtil goût de noisette que n’ont plus les cuits, et pour cause, ils sont mis à dégorger dans de la coco râpée pour leur ôter le soi-disant goût de bois.
Quant à Lenny… il n’a même pas voulu poser ne serait-ce qu’un bout de lèvre dessus pour prendre une photo!!
Pour l’anecdote, ce ne sont quasiment que des touristes qui viennent à cette fête, ce qui a valu une petite chanson à Mamie Fogliani :
Allez, une petite dernière pour le plaisir...